Sacs à dos chargés, bouteilles de gaz remplies, chaussures lacées, et bonnet sur le front, les grands espaces nous attendent.
La carte des sentiers à prendre en poche, quelques litres d’eau, des fruits secs, des œufs et des pâtes, notre maison de toile et nos sacs de couchage en plumes, l’essentiel pour survivre quelques jours avant de rejoindre le prochain village.
Le parcours traverse quatre villages postés au cœur de vallées colorées, accessibles uniquement par la marche, trois cols de plus de 5000 mètres d’altitude et quelques rivières à traverser.
La solitude et le silence occupent la plus grande partie des journées, les ampoules apparaissent sur les pieds, et l’eau pure des rivières nous désaltère. Les sentiers semblent s’effacer par endroits et laissent place à l’improvisation, le doute, puis les traces reprennent, les cloches d’un groupe de chevaux chargés de matériel percent le silence, et quelques marcheurs croisent notre chemin.
À deux reprises les nuages laissent tomber leurs flocons sur la toile de notre tente aux premiers rayons du soleil. Les nuits sont froides parfois, douces par moment, mais toujours illuminées de milliers d’étoiles.
L’oxygène se raréfie au sommet des cols et l’effort est augmenté, mais les panoramas justifient amplement l’essoufflement. Après 9 jours de liberté, le col de Stakspila, à 5300 mètres se dresse face à nous comme un mur. L’ascension s’arrache en 6 heures, et le soleil commence sa descente alors que le prochain village est encore à quelques heures de marche.
Un éboulement d’énormes rochers recouvre le flanc de la montagne, le trek est fermé depuis plusieurs années, mais personne ne nous a informés. Les piles de la lampe torche faiblissent puis la lumière disparaît, la nuit est tombée, et plus de chance de continuer.
À court de gaz, sur un sentier large de moins de deux mètres à flanc de colline, il nous faut planter la tente, demain sera un autre jour et sera celui de notre retour.